J'ai passé mercredi le diplôme de compétence en langue (DCL) pour le chinois. Il y a encore quelque temps, je ne connaissais pas l'existence de cet examen. Et ma cible, pour officialiser mon niveau en chinois, était jusqu'alors le HSK (汉语水平考试).
Alors, pourquoi passer le DCL ? Parce que je me suis retrouvé obligé de le faire. Depuis mars, je suivais des cours dans le cadre de mon CPF (compte personnel de formation). J'avais démarré un cycle de cours de chinois utilisant 40 heures de mon compte. Ce que je ne savais pas quand j'ai démarré ce cycle, c'est qu'il devait obligatoirement être sanctionné par un examen. Lorsque j'ai été prévenu par la société de formation que je devais passer cet examen, j'ai pensé que je pourrais me présenter au niveau suivant du HSK. Hélas non. Le HSK, examen mis en place au niveau mondial par le Ministère chinois de l'Education, n'est pas reconnu par le CPF !
J'ai commencé à me renseigner sur le DCL chinois. Et là, j'ai réalisé combien nos bureaucrates qui ont décidé de ce processus peuvent être loin du terrain. Premier point : le niveau. Les annales disponibles montrent une épreuve d'un niveau largement supérieur à ce que je suis actuellement capable de faire. Et pourtant, je ne suis pas débutant. Deuxième point : impossibilité de passer l'examen sur la région de Nice où j'habite. Je suis obligé d'aller à Paris, Lyon ou Toulouse. Sacré contraste avec le HSK : ce dernier propose 6 niveaux différents, et peut se passer quasiment partout en France.
Pour moi, entre Paris, Lyon ou Toulouse, le lieu d'examen le moins contraignant est Paris. Mais le niveau de l'examen et le coût du déplacement me semblaient disproportionnés par rapport aux 40 heures de formation. Alors j'ai voulu voir s'il était possible d'aménager le processus. Par exemple en enchaînant un second cycle, et en reportant l'examen en fin de ce second cycle.
J'ai donc contacté l'organisme finançant ma formation. Et ai reçu en retour une réponse complètement hors sujet. Ayant peu de temps disponible, je n'ai pas voulu aller plus loin dans cette voie, et ai donc décidé de suivre docilement le processus. Et par conséquent générer 153 kg de CO2, perdre 6 heures dans les transports, utiliser un jour de congé, et dépenser le prix du billet aller/retour.
L'examen se passe dans un lycée du 7ème arrondissement. A côté de l'Ambassade de Chine !
Quand je suis arrivé, la personne à l'accueil m'a tout de suite dit que si je trouvais l'épreuve trop difficile, à la lecture des documents, je pouvais partir tout de suite. Et que cela ne poserait pas de problème pour le CPF !
Je dois avouer qu'après avoir lu les textes et les questions, et écouté la partie audio, j'ai un peu hésité Et plusieurs personnes sont parties assez rapidement. Mais j'ai finalement décidé de rester, et de voir ce que je pouvais faire. Et je voulais que ma professeure de chinois soit fière de moi.
L'épreuve dure 2h30. Il s'agit d'un jeu de rôle, où on doit se mettre dans la peau d'un personnage. Dans mon cas, c'était celui d'une conseillère chinoise aux sociétés française qui veulent s'installer en Chine. Mon client était le propriétaire d'un restaurant typique de Lyon (un "bouchon"). Je devais proposer à mon chef, par téléphone, une stratégie d'installation en Chine (une ville où s'installer, ce qui plaît aux Chinois dans les restaurants français, etc) pour ce client. Les informations qui me permettaient de faire mon "rapport" provenaient de 4 textes et 3 bandes audio. J'avais 1h10 pour lire les textes et écouter l'audio (trop court !), 20 minutes pour préparer l'entretien téléphonique, 20 minutes d'entretien téléphonique, puis 40 minutes pour rédiger un rapport écrit.
Bon, je n'ai pas fait beaucoup de choses. Mais j'ai pu parler au téléphone (la personne à l'autre bout de la ligne s'est gentiment adapté à mon manque de maîtrise). Et écrire trois lignes pour le rapport. La saisie en pinyin sous Windows était très lente, c'est autrement plus simple sous Linux. Bien sûr, je manque aussi de pratique dans la rédaction.
A noter que pour l'écriture, on a le choix entre saisie pinyin et écriture manuscrite. Pour la prochaine fois, s'il y en a une, je prendrai l'écriture manuscrite.
Le résultat de l'examen, disponible en janvier, est un niveau dans le cadre européen (CECRL).
L'examen est très bien organisé, avec un personnel professionnel et sympathique. Et il permet de tester le niveau en production parlée et écrite, ce que ne fait pas le HSK. Par contre, il est relativement inaccessible au débutant ou faux débutant, et ne fournit donc pas d'équivalence aux HSK 1 et HSK 2.
Cependant, un examen de ce type en fin de formation dans le cadre du CPF est complètement inadapté à la majorité des cas. Comment peut-on imaginer avoir le niveau nécessaire au DCL après 40 heures de cours ?! Il faut vraiment ne jamais avoir suivi de cours de langue pour oser imposer un tel processus.
Dans l'absolu, je suis très content d'avoir passé cet examen. Il a même augmenté ma motivation, car j'ai pu voir que dans un contexte non connu, je pouvais maintenant commencer à dialoguer au téléphone en chinois. Par contre, j'ai perdu beaucoup de temps, dépensé de l'argent, et généré des kg de CO2.
Mi-janvier, le résultat est disponible. Voir en fin de cet article. Très moyen dans l'absolu (par rapport au nombre d'années passées sur le sujet), mais pas trop mal pour moi .